Pourquoi surdoué, zèbre, haut potentiel ?

A travers mes derniers articles, j’ai abordé la question de la douance et les difficultés qui y sont liées.

https://introverti.news.blog/2020/02/14/je-pense-trop-comment-canaliser-ce-mental-envahissant-christel-petitcollin/

https://introverti.news.blog/2020/02/12/je-pense-mieux-christel-petitcollin/

https://introverti.news.blog/2020/02/09/trop-intelligent-pour-etre-heureux-jeanne-siaud-facchin/

L’une des premières questions lorsque l’on parle de ce sujet est : comment doit-on appeler la personne / l’enfant surdoué ? La question du bon terme est délicate car la « douance » touche au plus profond notre personnalité et notre rapport à nous-même. L’intelligence est souvent liée à un jugement de valeur ce qui crée une frustration aussi bien du côté des « normo-pensants » (pour qui se prennent-ils ces « surdoués »?) et des zèbres (On souhaiterait juste être accepté comme nous sommes). Le choix des termes peut créer des réactions vives des deux côtés.

Zèbres, surdoués, hauts potentiels comment les appeler?

Petite liste des termes fréquemment employés pour qualifier le surdoué, zèbre ou haut potentiel

Le surdoué. Ce terme implique de présenter des compétences / une facilité extraordinaire du moins dans quelques disciplines.

Je vois deux problèmes liés à ce qualificatif :

Nous pouvons être très doués dans un domaine (par exemple la pensée divergente) et extrêmement mauvais dans un autre (la communication, l’art de créer du lien…). J’ai même le sentiment qu’être excellent en quelque-chose implique d’être exécrable dans autre-chose comme s’il devait y avoir un équilibre.

Le fait d’être surdoué implique de réaliser son potentiel d’où une pression de réussite qui est difficilement vivable…

Le doué. Ce qualificatif est un peu plus faible, normal. Comme s’il ne voulait pas assumer sa différence. Tout le monde est doué dans quelque-chose. Il suffit de trouver ce que l’on aime et y passer suffisamment de temps.

L’enfant intellectuellement précoce. Il s’agit des termes communément admis par l’éducation.

Ce terme est également mal choisi car n’est applicable qu’aux enfants. Comment les nommer une fois devenu adulte ? Enfant précoce devenu adulte…

Les diminutifs précoce et intellectuellement précoce. Ces qualificatifs indiquent que la personne a une avance sur les autres, encore un jugement… Oui, il y a une avance mais également des retards / des difficultés. Autre point, cette « avance » n’est pas « rattrapable ». Normale puisqu’il s’agit d’une caractéristique personnelle qui n’a rien de positif, ni de négatif.

Les hauts potentiels et associés… HP, HPI, HQI, THQI… Pour moi, un potentiel implique de le réaliser… chose qui n’est pas évidente. De plus, ces termes constituent une « échelle » : THQI à partir de 145… On souligne encore plus les différences sans même évoquer les difficultés. On classe en oubliant l’humain qui est derrière. On catégorise.

Les APIE (personne atypique dans l’intelligence et l’émotion). Ce terme a été proposé par Jean-François Laurent. Pourquoi pas ? Cet acronyme souligne le mode de fonctionnement et l’hypersensibilité.

Hors norme. Euh c’est quoi la norme et on parle de quelle norme ? On est tous différent avec nos bizarreries.

Les surefficients. Surefficients en quoi ? On oublie que les « performances » sont directement liées à l’état émotif. Le surefficient peut être médiocre quand il est dans un mauvais état émotif. Aucune référence à l’hypersensibilité et aux difficultés de communication.

Et le zèbre arriva…

Le zèbre. « Inventé » dans les années 2000 par S. Facchin (Psychologue spécialisée dans le « surdouement » et auteure de livres sur le sujet), il souhaite souligner l’atypicité du zèbre et le fait que chaque zèbre est différent via ses rayures. Pourquoi pas… c’est « mignon ». On aurait pu parler aussi de girafes, ou de tigres…

D’autres appellations existent et sont plus ou moins liés à la zébritude :  Sentinelle, Aspie (Asperger), hypersensible

Un petit zèbre qui ne voulait pas aller au zoo

Dans tous les cas, ces termes font référence à des personnes aux fonctionnements particuliers et sont souvent chargés de pré-jugés. Certains sont teintés d’une supériorité maladroite et poussent à un élitisme malheureux. Ils séparent plutôt qu’inviter à comprendre… Ils mettent des barrières et posent des objectifs anxiogènes pour les zébrés.  

Le terme zèbre est probablement le terme le moins « contraignant ». Un zèbre c’est sympa, c’est mignon… tout le monde aime les zèbres. Dire à un enfant qu’il est un zébron est plus agréable de dire qu’il est THQI avec tendance Asperger, non ?

Ce que l’on doit souligner c’est que nous sommes tous différents avec nos modes de fonctionnement, nos expériences, nos ressentis… l’important est d’essayer de se comprendre et de mettre les préjugés de côté. En gros, c’est d’aller les uns vers les autres malgré nos différences et d’éviter de nous laisser parquer dans des zoos.

Pas si différent que cela…

Quant au mode de fonctionnement… oui, il y a la pensée en arborescence, l’hypersensibilité, la pensée en boucle, les difficultés relationnelles, l’humeur variable, l’hyperesthésie… mais il s’agit de caractéristiques qui se rencontrent dans toute la population. Oui, ces caractéristiques sont plus « fortes » chez les zèbres mais cela ne fait pas de nous des extra-terrestres. Il suffit souvent de nous parler avec tolérance pour que nos défenses tombent.

Notre monde devrait prôner l’enrichissement par la différence au lieu de nous imposer une standardisation abrutissante et clivante.

J’essaie à travers mon blog de comprendre mes différences et d’aider les lecteurs… du moins, je l’espère. Cet exercice d’écriture me permet de structurer mes idées, d’analyser mon fonctionnement et de revisiter mon passé.

Je ne suis pas psy, je ne parle que de mes lectures et de mon expérience… mes conseils et idées sont purement personnels. Mais je pense qu’il est toujours bon de partager nos expériences et d’essayer de nouvelles choses.

Plus que le choix du nom de zèbre, des questions qui restent pour moi sans réponse

J’ai souvent été rejeté / catalogué… la zébritude a été un refuge qui justifiait ma « différence » et me servait aussi d’alibi pour ne pas aller vers les autres. Je me demande parfois si un trop de sensibilité et quelques expériences malheureuses ne sont pas à la base de ce sentiment zébré. Que ce serait-il passé s’il y avait eu plus de personnes bienveillantes autour de moi à l’adolescence et dans le monde du travail. Serais-je entré dans le moule ou mes particularités se seraient-elles rappelées à moi différemment ?

Est-ce une simple construction mentale ou une thématique construite de toute pièce sur le mal-être des personnes sensibles ? Est-ce juste un mode de construction différent ? Ou est-ce inné ?

Beaucoup de questions qui restent, pour moi, en suspend et qui dépassent, je pense, le choix d’un qualificatif.

Merci pour votre lecture. J’espère que ces quelques mots auront aidés quelques zèbres ou non-zèbres.

Je pense trop : comment canaliser ce mental envahissant ? Christel Petitcollin

Peut-être faites vous partie de ces personnes qui pensent trop ? Peut-être avez-vous du mal à trouver le repos ou peut-être vous angoissez -vous régulièrement à propos de sujet sur lesquels vous n’avez pas de prise ? Le livre de Christel Petitcollin résumé dans cet article va vous donner quelques pistes pour canaliser ce mental envahissant…

Cet ouvrage aborde le sujet des surdoués / zèbres et brosse le portrait des adultes et enfants surdoués. Il énuméré les caractéristiques – difficultés rencontrées par les sur-efficients mais donnent également des conseils applicables par tous.

L’hypersensibilité des zèbres

Les surdoués sont des êtres hypersensibles

Le surdoué a des sens particulièrement aiguisés. Au point où la surabondance d’informations auxquelles il est soumis en devient dérangeante. C’est ce que l’on nomme l’hyperesthésie.

Cette hyperesthésie peut se manifester par les cinq sens : la sensibilité à la lumière, aux bruits sourds, à l’humidité, aux odeurs, aux gouts…

Les sens peuvent se croiser via la synesthésie. Typiquement associer des couleurs aux lettres, aux sons…

Comme déjà évoqué dans le résumé de « Je pense mieux », je confirme cette sensibilité à la lumière et aux bruits sourds. Mais je pense qu’il en est de même pour tout le monde… Par contre, rien du côté de la synesthésie. C’est une expérience que j’aurai souhaité connaitre 😉

Les surdoués sont des êtres affectifs

Pour les surdoués, le traitement de l’information passe d’abord par l’affectif. Leur implication totale dans tout ce qu’ils entreprennent, leur perception intuitive de leur environnement et leur besoin d’attention constante, les poussent à des réactions excessives et souvent incompréhensibles pour l’entourage.

Ils absorbent l’état émotionnel des autres et peuvent être submergés par leur émotion.

Ce sont des êtres sans malveillance et ils n’envisagent pas que les autres soient capables de méchanceté ou même capables de mentir.

« Pour ma part, je ne rejoins pas complétement l’auteur. Autant, il est vrai que dans un premier temps, j’ai tendance à envisager l’autre comme étant exempt de malveillance et de calcul ; autant, une fois déçu, la mécanique s’inverse et j’ai tendance à envisager chaque acte sous l’angle du calcul et de la manipulation. »

Comment fonctionnent le sur-efficient ?

D’après l’auteur, le cerveau du sur-efficient présente un hémisphère droit dominant. Il aura donc un fonctionnement intuitif / instinctif au contraire d’un fonctionnement type hémisphère gauche : analytique.

Le fonctionnement type hémisphère gauche étant le plus courant dans la population, le sur-efficient se sentira en décalage avec son environnement.

Le zèbre réfléchira en arborescence et non pas de manière séquentielle comme chez les normo-pensants. La question – pensée conduit à une dizaine d’autres et ainsi de suite.

L’information se déplace plus rapidement dans le cerveau du sur-efficient.

La perception intuitive de leur monde les conduit à une forme d’hyper-lucidité. Il ressent les choses mais ne peut les formuler précisément.

Le moral des zèbres est fortement lié à son flot de pensées. Passant de la joie, à la tristesse très rapidement, le sur-efficient doit orienter ses pensées ou du moins les ralentir. Formuler ses pensées à voix haute sera une manière de les ralentir. « D’un autre côté, réfléchir à voix haute quand j’étais adolescent me valu d’être taxé de encore plus bizarre… ».

Le zèbre vit dans le présent, le passé et le futur. Toutes pensées sont évaluées dans le temps avec estimation de son impact, de son origine… bref un sacré va et vient.

Sa mémoire est fabuleuse quand le sujet l’intéresse et au contraire fluctuante quand il s’agit d’un sujet peu intéressant. Également l’émotion est fortement liée à la capacité de mémorisation du zèbre. Dans tous les cas, il sera important de rester confiant dans sa capacité à retrouver le souvenir sous peine de se perdre dans l’émotion.

Le zèbre présente un déficit de sérotonine d’où l’humeur changeante. Il faudra alors suppléer en protéine, faire du sport et de la méditation pour contrer ce déficit.

A chaque zèbre ses rayures

L’auteur suggère qu’il est très important d’identifier le zèbre tôt dans sa vie. « Perso, je suis un zèbre tardif »

Pour ce faire voici une liste de caractéristiques souvent rencontrées chez les profils zébrés :

  • Un affect surdimensionné : le besoin d’être rassuré en permanence…
  • Les sens très développés – l’hyperesthésie.
  • Une curiosité sans fin. Un enfant qui demande sans cesse pourquoi…
  • L’hyperactivité. Avoir de nombreux centres d’intérêts très diversifiés
  • Parler seul afin de structurer ses pensées
  • Et justement, la difficulté à structurer ses pensées

Zèbre ou Asperger

Découvert en 1944 par le pédiatre Asperger, ce syndrome est parfois rencontré dans la population des zèbres. Les caractéristiques de ce syndrome sont également l’intelligence, la gentillesse, la curiosité extrême… les difficultés de communication (visage peu expressif). Leur mémoire est fantastique mais ils souffrent d’un déficit de l’attention ainsi qu’une capacité de coordination faible.

Le lien entre zébritude et Asperger me semble assez clair mais malheureusement, je n’ai pas trouvé de réponse quant à la différence entre zèbre et asperger… La difficulté de communication est-elle plus marquée chez un Asperger ?

L’auteur insiste sur une identification précoce afin de pouvoir adapter son environnement à l’enfant.

Christine Petitcollin souligne également que les tests de QI sont fortement controversés et qu’ils ne doivent en aucun cas être utilisés seuls dans le cadre d’une identification.

Sur-efficient en manque d’amour propre

Le zèbre a une faible estime de lui pour diverses raisons :

  • Ils subissent très tôt le rejet et ne savent pas y répondre, comme les normo-pensant. Il se préfèrera se dénigrer pour justifier le comportement de ses « camarades ».
  • Il ne s’acceptera pas tel qu’il est. Il s’isolera dans son imaginaire. Il sera volontairement provocateur ou aux contraires adaptera une fausse personnalité « faux self » pour se faire accepter.

Le zèbre dans un monde de normo-pensants

Le zèbre rencontrera de nombreuses difficultés en société car :

  • Ses standards et valeurs sont bien au-dessus de la moyenne. Son sens de la justice le rendra moralisateur.
  • Il placera ses valeurs au-dessus de lois et de l’autorité.
  • Il ne comprend pas les implicites.
  • Sa naïveté et son besoin d’être accepté en fera une victime de choix pour les manipulateurs

Pour tenter de palier à ces difficultés, le zèbre doit comprendre le monde des normo-pensants.

Les normo-pensant sont :

  • Hypo-esthésiques. Ils perçoivent moins donc peuvent se concentrer plus. Ils aiment leur perception car elles les rendent vivants. Ils aiment la foule.
  • Ils sont structurés. Leur raisonnement est séquentiel et adorent catégoriser. Ils sont donc plus lents, moins créatifs et critiques.
  • Leur besoin affectif est limité et sont souvent individualistes.
  • Ils doutent peu et de fait sont sur d’eux

« Bon ici, je trouve que l’on est complétement dans le cliché… je connais des non-zèbres hypersensibles et très humain ; des zèbres misanthropes… »

Ce que je retiens de ce passage :

  • Il faut identifier ceux qui nous ressemblent et s’en rapprocher.
  • Il faut être tolérant et s’adapter aux normo-pensants. Être moins intransigeant. Laisser le temps de réflexion…

Comment vivre en tant que sur-efficient ?

  • Premier conseil : s’accepter tel que l’on est, un être imparfait comme tout le monde. Mais soyez fier de vous, aimez votre différence. Acceptez que les autres soient différents de vous. Acceptez qu’il existe des êtres malveillants…
  • « Dompter » ses pensées… ressentir des émotions positives via ancrage. « Personnellement, j’utilise la technique du lieu calme ».
  • Validez (et célébrez) vos réussites, petites ou grandes
  • Organiser ses idées via mind-map. Associez des images, des couleurs pour favoriser la mémorisation. Donner un sens et un contexte aux informations à retenir.
  • Restez rationnel et évitez les jugements. « Autres conseils non repris dans le livre, faites valider votre ressenti plutôt que d’imaginer… »
  • Ayez une vie riche. Apprenez en permanence. Exprimez votre créativité via l’art.
  • Faites du sport et de la méditation.

Avis d’un introverti zébré

Après quelques chapitres d’informations connues de tous… l’auteur m’a intéressé par les quelques conseils donnés en fin de livre. Certes ceux-ci sont assez communs mais ils font écho à mon expérience personnelle. Ainsi contrôler / organiser ses pensées via la méditation, la technique de l’ancrage, le mind-map, l’utilisation de l’art pour exprimer sa créativité… sont des conseils que j’applique quotidiennement avec succès. D’un autre côté, ne s’appliquent-ils pas à tous ???