Un goût d’injustice
Beaucoup d’entre nous, on ce gout d’injustice… cette impression que malgré notre « talent » ou notre investissement, nous sommes et ne serons jamais reconnus.
Plus fort encore, beaucoup s’interrogent du pourquoi certains moins « doués » réussissent mieux…
On nous a longtemps vanté l’égalité des chances et la promotion par le mérite si chère à nos démocraties libérales… nous aurait-on menti ?
Hé bien… OUI !!!

Connaissez-vous l’effet Matthieu ?
Ahhh les biais cognitifs… ils m’ont toujours beaucoup amusé !
Voir à quel point nous sommes influençables alors que nous nous pensons logiques et factuels… est tout simplement hilarant 😉
Le petit dernier découvert sur le net est une petite révélation… du moins pour moi !
Il s’agit de l’effet Matthieu, extrait de l’évangile selon saint M : « on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a »… sympathique !!!
Cet effet est attribué au Pr Merton dans les années 60 et établit que la renommée des scientifiques n’est pas forcement liés à leur qualité mais plus à leur visibilité !
« The Matthew effect in science »
Il explique ainsi pourquoi certains scientifiques moyens ont eu une brillante carrière et se sont vu attribués le mérite de leurs collègues parfois plus brillants…
Ce phénomène s’applique également aux scientifiques féminines qui se sont fait spolier le mérite de leur travail par leur collègues masculins…
Ici, on parlera plutôt d’effet Matilda, établi par l’historienne Matilda Joslyn Gage.
Un exemple de cet effet est « l’oubli » de Rosalind Franklin dans la découverte de l’ADN au profit de James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins avec Nobel à la clé… pas bien !
Mais quelque soit le genre, l’effet existe.
A l’image de « on ne donne qu’au riche »… on ne donne du crédit qu’à celui qui en a déjà !
Idem pour les institutions qui abritent les scientifiques « stars » et profitent ainsi d’un effet halo…

Les Kardashians des sciences…
L’effet Matthieu s’applique aux publications scientifiques : « plus tu publies, plus tu es renommé, plus tu as de financements, plus tu as accès aux postes prestigieux, plus tu as d’étudiants, plus tu as de main d’œuvre donc plus de publications et plus tu as faciles à publier »…
Le problème est que le facteur chance joue énormément en début de carrière et qu’une fois lancée, il n’est pas possible de rattraper la machine. Donc gare aux faux-départs ! Et allez-y sur le fayotage… ça paie.
Tout ceux qui réussissent dans ce milieu sont lancés par un parrain / prof senior !
Un corolaire amusant de l’effet Matthieu est l’indice K ou indice Kardashian…
Les scientifiques sont très fiers de leur indice de publication (qui renforce leur effet M et donc leur crédibilité…).
De manière assez caricaturale, l’indice K a vu le jour avec l’avènement des médias sociaux !
Ainsi nos amis des sciences apparaissent de plus en plus sur les médias sociaux !
Sous couvert de vulgarisation scientifique ou de communication de « la/leur vérité », on les croise de plus en plus…
On le voit avec la crise CORONA c’est la foire aux « scientifiques de salon virtuel ». On se croirait du temps des lumières 😉
L’indice K est lié au rapport du nombre de publications dans des journaux scientifiques / nombre de publications média – social.
Dans son article “The Kardashian index : a measure of discrepant social media profile for scientists” , Neil Hall démonte la science selon Twiter…
Et cela de manière très scientifique et avec beaucoup d’humour !
La cerise sur le gâteau est que cet article la propulsé au rang de scientifique Kardashian vu le nombre de tweets tournant autour de celui-ci !
Bien que caricatural, l’indice K profite également aux scientifiques… Donc pourquoi devraient-ils s’en priver !
Des applications dans bien d’autres domaines…
L’effet M explique la renommé de nombreuses stars dans de nombreux domaines…
Dans le domaine de la musique, par exemple, des études ont montrés que nos choix sont guidés par la popularité des artistes et non pas par la qualité de leur production!
Idem pour la littérature…
Les ventes de livres sont dopées par le nom de l’auteur. Et la couverture…
« Une place à prendre » a été vendu à des millions d’exemplaire car publié sous le nom de J.K Rowling alors que « L’appel du coucou » publié sous un nom d’emprunt ne sera quasi pas vendu . Quasiment pas vendu… jusqu’au moment où, son auteur soit dévoilé et que les ventes explosent !
Allez faire un tour sur l’article suivant pour plus d’exemples…
Comment l’effet Matthieu détruit le talent
Évidemment, l’effet M s’applique en entreprise… Tout le monde connait les stars des salles de réunions qui sont encensés quelque soit l’ânerie qu’ils sortent 😉
A cet effet M, s’ajoutent les petits jeux politiques et le népotisme…Rassurez-vous, le mérite n’est que rarement lié à la compétence ou l’implication et surtout en entreprise !
L’effet Matthieu et l’introversion
Comme dit de nombreuses fois sur ce blog, l’introverti a souvent des difficultés à se mettre en avant, de part son mode de fonctionnement…
Comment savoir si vous êtes introverti ?
En découle, moins d’opportunités et une moindre renommée, les deux étant liés (via effet M).
Avec cet effet Matthieu qui lie ouvertement le « bruit de la renommée » avec la crédibilité, il est d’autant plus crucial d’apprendre à se mettre en avant !
Oui, il y a un réel impact sur les carrières et les opportunités.
Et non personne ne remarquera votre mérite si vous ne le mettez pas en avant…
Heureusement, les médias sociaux semblent être une belle machine à promotion. Mais aux risques de faire monter son indice K 😉. Perso, je ne vois pas le problème.
Cette machine est assez facile d’accès aux introvertis vu qu’il s’agit d’interactions « contrôlées » : par écrit ou en vidéos préparées.
L’effet Mattieu et les stars du blogging
Il n’y a qu’un pas à faire pour dire que plus vous publiez, plus vous serez connus… plus vous serez connus, plus vous serez crus… et vous passerez pour des experts ! Donc vous vendrez… si c’est votre but…
Donc publiez !!! Mais toujours de la qualité… ou pas.
Quel est le critère primordiale impactant la crédibilité/ le succès d’un article ? La qualité ou la visibilité de son auteur ?
Avoir une liste de témoignages et commentaires positifs / like n’est-il pas plus pertinent que l’article en lui-même? Ou serait-ce, le fait de sortir dans le top de Google ?
J’espère vraiment que la qualité compte…
L’effet Matthieu est la politique…
Euh… vous connaissez beaucoup des politiques qui utilisent tweeter pour bombarder leur audience de désinformations grossières/ informations pseudo scientifiques… moi, OUI 😉
Et cela leur réussit par une magie que l’on peut maintenant expliquer !
N’hésitez pas à donner beaucoup de commentaires positifs pour doper mon effet Matthieu que je devienne un bloggeur kardashian… ha ha ha 😉
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Merci pour cet article. C’est clair que sur certains supports, certains médias l’effet M joue ! La télévision bien entendu mais il y en a d’autres. Par contre là où je suis plus optimiste que toi c’est quand tu évoques Google. Le moteur de recherche a jusque là fondé la clé de sa réussite et de son hégémonie partout sur la planète (sauf en Chine), précisément sur la pertinence c’est à dire la qualité du contenu (par opposition à la quantité). Bon après, reste à savoir si l’ascension de Big Brother est vraiment une si grande chance que ça… 😉
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Merci Nico pour ton commentaire que je comprends.
Pour moi, cet effet est très vicieux car même si tu génères de la qualité tu n’es pas sûr de te faire remarquer; ne serait ce que parce que l’horizon est bouché par la compétition.
Seule solution… se positionner sur une niche et la saturer… mais il faut la trouver la niche !
Quand tu analyses les blogs des star du web, tu remarques que le trafic SEO vient principalement des quelques articles super-nichés…
Dans le cadre du marketing, on pourrait rapprocher cela de la capacité à capter l’attention. Et pour capter l’attention, la qualité n’est pas forcement le meilleur moyen 😉 Il n’y a qu’à voir la télé-réalité.
En sciences, l’effet est encore plus « sombre ». Car le fond de commerce est d’être juste, précis, factuel… et qu’en réalité le facteur « émotionnel »/humain/copinage/ « star des sciences » est très présent.
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