On pourrait croire qu’être « surdoué » ou zèbre (comme SC Facchin se plait à les nommer) est un avantage en entreprise… Mais la réalité est toute autre…
Du moins dans mon cas, l’expérience de l’entreprise et plus particulièrement des multinationales a été un vrai traumatisme.
Ma vie de zèbre en entreprise
Pour situer le cadre, après quelques années de brillantes réussites scolaires (autrement dit des années réussies sans beaucoup investissement personnel), j’ai postulé dans une grande multinationale de la pétrochimie. Ah les entretiens se sont très bien passés et tous les responsables de département voyaient en moi la perle rare. Moi, enthousiaste, je me voyais déjà faire toute ma carrière dans cette boite qui m’ouvrait grand ses bras. Quelle naïveté… J’y suis resté 6 mois 😉
Ce qu’il faut savoir c’est que mon « chef » avait eu la grande idée de me présenter comme son successeur à mes futures collègues dont des personnes qui avaient 20 ans de boîtes et qui lorgnaient sans l’admettre sur le poste. Évidemment, le terrain était miné. Mais moi jeune zèbre gambadant, je n’avais pas vu le champ de mines…
Je me rappellerai toujours le premier jour, voulant faire bonne impression, prenant des notes, posant des questions … les sourires hypocrites de mes anciens collègues.
Rapidement, mon chef direct a demandé à une de ces personnes d’assurer ma formation pour me permettre de comprendre le travail de « base ». Ce qui était très maladroit de sa part… La « marraine » commence alors à me sous-traiter quelques tâches peu intéressantes et prend soin de bien me saper face à mon responsable.
Évidemment, le travail de routine est loin d’être la « tasse de thé » de tout zèbre. Et le peu de travail fourni eu raison de mon enthousiasme.
Enfin peu de travail, ce n’est pas exacte. Il est intéressant de noter que cette soi-disant collègue prenait un malin plaisir à accumuler un maximum de travail juste avant de partir en congé, en même temps que ses camarades, laissant ainsi le petit nouveau seul face à une montagne de boulot stupide. Évidemment, mon profil zébré me contraignait à réaliser l’ensemble de ces tâches jusqu’au bout. Chose qui était facile vu qu’après quelques semaines je commençais déjà à automatiser – optimiser celles-ci. A posteriori, c’était une erreur car revenant de leurs congés, elles se retrouvaient à leur tour sans rien à réaliser… d’où frustration qu’elle s’empressait de me faire payer.
Afin de m’occuper entre les périodes de congés de mes partenaires de jeu, j’ai assez vite proposé des projets d’amélioration… encore une erreur. Mes chefs contents de voir une initiative approuvent. Mes petits camarades rechignent, évidemment. On y a déjà pensé… ce n’est pas possible, sans intérêt…
Je me lance dans ces projets connexes avec enthousiasme à nouveau. Entre-temps, je surprends mes petits amis en train de réaliser des travaux équivalents en parallèle… étrange car mes idées n’étaient pas intéressantes à la base 😉
J’essaie de me rapprocher d’autres groupes. Ce qui est pour moi assez difficile mais ce que je fis avec succès… le fait que mon harceleuse en chef avait le gentil surnom de dragon et beaucoup de détracteurs m’a surement aidé dans cette entreprise. Mais cela m’a valu un joli retour de flammes. Celle-ci allant jusqu’à interdire à mes nouveaux camarades de me parler et allant crier au scandale quand j’ai eu l’audace de dire que l’on ne me donnait pas assez de travail.
Pour donner suite à ce comportement honteux, je rencontre la DRH. Je me plains du harcèlement sans mettre de mots dessus et demande à être muté. Mais le résultat fut un peu différent, cette discussion m’a valu d’être remercié… donc je solde mes congés et commence mon préavis.
Quelques semaines plus tard, les vacances d’été… comme à l’habitude, on me laisse seul avec le chef.
Mais cette fois, il s’agit d’un bon mois sans mes petits camarades et donc je suis amené à travailler directement avec le responsable. Et rebondissement final, il me lance comme quoi je travaille bien et que c’est dommage de ne pas avoir montré ce que je valais plus tôt. Game Over…

Second poste dans une multinationale, même mécanique…
Un chef qui ne gère rien, une équipe de petits jeunes aux dents longues… et bam licenciement après 2 ans.
Finalement, j’atterris en PME « familiale » … il y a des plus et des moins mais la compétition et les egos étant moindre, j’ai pu m’acclimater. Bon il y a toujours des intrigues politiques aux niveaux des directeurs mais il reste assez facile de naviguer sous les radars…
Vous l’aurez compris, j’ai eu un parcours zébré pour le moins chaotique … mais riche en enseignement.
Conseils aux jeunes zèbres sur le point de commencer dans le monde du travail.
Ne tomber pas dans les pièges
Ne cédez pas aux sirènes des grosses boîtes qui vous promettent monts et merveilles mais vous jettent comme un mal propre si vous ne vous intégrez pas à la « culture » d’entreprise. Bien souvent celle-ci s’apparente plus à des rites dignes des primates les moins évolués (quoi que je ne vois pas en quoi on peut dire que l’homme est plus évolué que les autres 😉).
Préférez un boulot dans une plus petite structure ou du moins avec une culture plus « humaine ». Pour ce faire, renseignez-vous sur l’entreprise… faites un tour sur les réseaux sociaux. Parlez aux anciens employés.
Fuyez les postes qui tournent en boucle sur les sites d’emploi.
Autre astuce, regardez l’age moyen des travailleurs… si la majorité à moins de 30 ans demandez-vous où sont passé les ainés… Ils sont probablement en burn-out ou virés. Cela dépend évidemment du secteur dans lequel on postule.
Soyez un zèbre déguisé en mouton
Essayez d’établir des relations avec un maximum de personnes de divers départements le plus tôt possible. Cela vous donnera un certain bouclier social et vous rendra moins facile à atteindre pour les harceleurs, pervers, manipulateurs et autres charognards…
S’il y a des événements organisés à l’extérieur, participez-y.
Rendez service mais faites-vous respecter.
Essayez de ne pas paraitre dangereux / ambitieux… rentrez dans le moule.
Posez des questions idiotes si nécessaire et ne remettez jamais en doute un collègue/ une procédure/ un rapport…
Flattez vos collègues… associez-les à vos réussites. Donnez leurs le crédit de vos idées, du moins dans un premier temps.
Maintenez un maximum de contacts avec votre responsable mais en restant le plus discret possible.
Laissez toujours du boulot aux autres et feignez la difficulté.
Ayez toujours l’air de bonne humeur et motivé même si vous vous écroulez dans votre bureau quand vous êtes seul. Seul l’apparence compte dans cet environnement.
Ne vous plaignez jamais surtout pas à la DRH.
Soyez plus malin que votre job
Pour supporter le manque de variété, le manque de boulot ou le fait que le travail ne soit pas très intéressant… ayez des activités « connexes ». Apprenez, lisez les rapports, notez vos bonnes idées pour plus tard…
Ne demandez jamais plus de travail à votre manager.
Si votre travail le permet, sortez du bureau dès que possible (télétravail, visite en extérieur…)
Essayez d’avoir une vie riche en dehors du boulot… amis, sorties, passions…
N’arrêtez jamais de chercher un job, soignez vos contacts avec les employeurs potentiels…
Partagez les « posts » de votre boite ou ceux dans votre thématique sur les réseaux sociaux
Avis d’un zèbre introverti
Vous l’aurez compris, la vie en entreprise est un milieu hostile… surtout pour un zèbre. Les prédateurs y sont nombreux.
Diverses techniques de défense sont possibles. Se camoufler, se faire des alliés…
Mais je pense que la meilleure chose à faire est d’être très prudent dans le choix de son job… quand on en a l’occasion.
Ma vie actuelle en PME est plus paisible mais il reste par moment des comportements « de prédation » même dans ce milieu « familiale » : des chefs qui se défaussent de leur erreur, des collègues qui s’accaparent les idées / le boulot des autres … Mais cela reste à une échelle réduite comparativement aux multinationales qui vous jettent au moindre revers de bourse.

2 commentaires sur « Comment survivre en entreprise quand on est surdoué ? »